Congé menstruel à l’Université des Antilles - Blog de Protect Baddie, le Média Féminin

Congé menstruel à l’Université des Antilles

Une avancée historique pour la santé et les droits des femmes

Le 26 mars 2024, l’Université des Antilles annonçait une mesure inédite en France : la mise en place du congé menstruel pour ses étudiantes et salariées, sans certificat médical requis.

Une décision saluée par les associations féministes, les collectifs étudiants et une grande partie de la société civile. Pour la première fois, une institution publique française reconnaît officiellement l’impact des douleurs menstruelles sur la vie quotidienne et l’accès à l’éducation et au travail.

Dans cet article, nous revenons sur cette annonce majeure, ses implications concrètes, ses limites, et les perspectives qu’elle ouvre pour les droits des femmes aux Antilles et en France.

I. Une première en France

Si le congé menstruel existe déjà dans plusieurs pays (Espagne, Japon, Corée du Sud, Zambie…), la France n’avait jusqu’ici aucune politique nationale sur le sujet. L’Université des Antilles devient ainsi la première institution publique à franchir ce cap, devancçant l’État et les grandes entreprises.

La mesure concerne l’ensemble des salariées et étudiantes, qui peuvent dorénavant bénéficier de deux jours d’absence par mois, sans avoir à fournir de justificatif médical. Une approche fondée sur la confiance, la responsabilité individuelle et la reconnaissance de la parole des femmes.

"C’est une mesure de justice et de santé publique", a déclaré la Présidente de l’université.


II. Pourquoi cette mesure est importante ?

a) Reconnaître une réalité souvent invisibilisée

Les règles douloureuses (dysmnorrhées) touchent environ 1 femme sur 2. Pour certaines, les douleurs sont comparables à des contractions d’accouchement. L’endométriose, pathologie chronique encore méconnue, touche 1 femme sur 10.

Malgré cela, les douleurs menstruelles restent taboues dans le monde professionnel comme à l’université. Les femmes sont souvent contraintes de "faire comme si de rien n'était", au détriment de leur santé physique et mentale.

Le congé menstruel introduit une reconnaissance officielle de cette réalité.

b) Une avancée pour l’égalité

Contrairement aux idées reçues, le congé menstruel ne favorise pas l’absentéisme ou la discrimination : il permet aux femmes d’être sur un pied d’égalité avec les hommes en période de crise physique.

Une étudiante qui souffre de douleurs intenses ne peut pas suivre correctement ses cours ou réussir un examen. Une salariée qui travaille sous médicaments ne sera pas aussi performante. Le congé permet de se reposer, se soigner, et revenir plus efficace.

c) Une décision symbolique et politique

Dans le contexte antillais, cette mesure prend une dimension forte. Les Antilles, souvent en marge des décisions nationales, prennent ici une position de pionnier. C’est une manière de rappeler que les territoires ultramarins peuvent être moteurs d’innovation sociale.

 

 

III. Quelles limites et précautions ?

a) Un risque de stigmatisation

Certains craignent que le congé menstruel puisse accentuer la discrimination des femmes, notamment à l’embauche, ou entre salariées. Il faudra donc veiller à une mise en œuvre équilibrée, dans le respect de la vie privée et sans jugement.

b) La question de la généralisation

Ce dispositif pourrait-il être étendu à d’autres institutions publiques ? Aux entreprises privées ? Le sujet reste délicat en France, notamment sur le plan juridique. Mais l’expérience de l’Université des Antilles peut servir de modèle.

c) L’accès à l’information

Beaucoup d’étudiantes ou salariées ignorent encore ce droit. Une campagne de communication claire et bienveillanteest indispensable pour faire connaître cette avancée et expliquer les modalités.


IV. Une avancée pour la santé des femmes

Le congé menstruel est aussi un levier pour parler librement de santé menstruelle, sujet encore trop peu abordé dans les programmes de santé publique.

Cette mesure permet d’aborder :

  • L’éducation à la santé menstruelle
  • Le dépistage de maladies comme l’endométriose
  • L’accès à des protections périodiques gratuites
  • La formation du personnel encadrant à ces sujets.


V. Une opportunité pour changer le regard

Le congé menstruel n’est pas un privilège, ni une faveur. C’est une reconnaissance d’une réalité biologique, sociale et politique. Il s’agit d’ouvrir un espace où les femmes peuvent exister dans leur entièreté, sans avoir à cacher leur douleur ni à se justifier.

Cela demande un changement culturel profond. Mais chaque pas compte. Et l’Université des Antilles vient d’en faire un majeur.

Un modèle à suivre

L’instauration du congé menstruel à l’Université des Antilles marque une étape historique dans la lutte pour les droits des femmes. Elle pose la question de la prise en compte des santés féminines dans les politiques publiques et ouvre la voie à d’autres avancées.

Il appartient désormais à chaque acteur – établissements, entreprises, décideurs politiques – de s’en inspirer, d’expérimenter, et d’élargir cette dynamique.

Pour toutes les femmes qui souffrent en silence, pour toutes celles qui se sentent obligées de se taire, ce congé est un acte de reconnaissance. Et parfois, c’est tout ce qu’il faut pour commencer à guérir.


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Renseignement concernant l'article :
Site de l'université des antilles : http://www.univ-ag.fr/

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